De la fusion entre agences de coopération des bibliothèques et centres régionaux du livre dans la décennie 1995-2005 sont nées les structures régionales pour le livre, dont l’une des missions principales est de fédérer l’interprofession du livre sur leur territoire.
Mais qu’est-ce donc que l’interprofession du livre et comment la faire dialoguer ? Le Larousse définit l’interprofession comme un « groupe de professions concourant à un ensemble d’activités dans une filière donnée ». L’interprofession du livre rassemblerait donc auteurs, traducteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, organisateurs de manifestation et d’actions culturelles… Où commencer, où s’arrêter ? Inclure les imprimeurs, les élus, les critiques ? Y associer les lecteurs ?
Dans le secteur du livre, cette notion d’interprofession apparaît lors de la Loi sur le prix unique du livre et désigne dans un premier temps les acteurs commerciaux de la chaîne. À la faveur des Rapports Pingaud-Barreau1 , elle s’ouvre aux bibliothécaires. Ses auteurs proposent au ministre de la Culture des orientations et des modalités de mise en œuvre d’une nouvelle politique du livre, appelée à concilier les impératifs des professions soumises aux contraintes du marché et les nécessités de développement culturel. Les axes de travail proposés pour animer cette interprofession du livre sont les relations commerciales accompagnées par les syndicats et les associations de professionnels, la formation et les animations. Après les débuts de la décentralisation culturelle, formation et animation seront confiées aux SRL, qui embrassent l’ensemble du champ du livre et de la lecture, et dont la gouvernance même sera l’un des premiers lieux du dialogue interprofessionnel territorial.
Aujourd’hui, formation et information demeurent des outils efficaces pour favoriser les échanges et le développement des réseaux sur les territoires, comme en témoignent les multiples journées d’étude et de rencontres interprofessionnelles organisées par les SRL. Des journées qui abordent l’ensemble des problématiques qui traversent la profession, telles que la jeunesse et le développement de la lecture, le numérique, les marchés publics du livre, l’évolution de la législation et de la contractualisation. Les structures régionales pour le livre, au gré du dynamisme de leurs administrateurs, de leurs financeurs et de leurs équipes développent également des outils et des actions spécifiques à leur territoire, dont quelques exemples sont ici présentés.
Ce dialogue interprofessionnel semble cependant sans cesse devoir être remis sur l’ouvrage pour s’assurer de la bonne connaissance mutuelle des acteurs qui constituent l’interprofession et pour prendre en compte les nouveaux entrants et les évolutions de chacun des métiers. Les auteurs des rapports préalablement cités pensaient dès 1982 qu’« à la faveur de cette réflexion collective, des professions, qui, traditionnellement s’ignoraient, ont appris à mieux se connaître ». Il semble que près de 34 ans plus tard, notre mission soit encore et toujours d’encourager chacun des acteurs à porter, au-delà de ses intérêts propres, l’intérêt général de l’interprofession, pour un meilleur accès du plus grand nombre à la pluralité de la création et de la pensée.
1. B. Pingaud et J-C. Barreau, Pour une politique du livre et de la lecture : rapports de la commission du livre et de la lecture au Ministre de la Culture, Dalloz, 1982.