Régine Hatchondo, présidente du CNL

Trois questions à Régine Hatchondo, présidente du Centre national du livre (CNL)

Depuis la création du CNL en 1946, dix présidents se sont succédé, vous êtes seulement la deuxième femme à ce poste. Les grandes institutions ou organisations du livre sont essentiellement présidées par des hommes. Qu’est-ce que la place des femmes dans le monde du livre et ses institutions vous évoque ?

Régine Hatchondo : Le CNL n’échappe pas à l’histoire des institutions et des lieux de pouvoir en général. Mais je suis optimiste, il y a toute une nouvelle génération de femmes qui arrivent à des postes importants dans le secteur du livre.
Après les grandes figures comme Françoise Verny qui, à la fin des années 1970, avait lancé les « nouveaux philosophes » ou Teresa Cremisi chez Gallimard puis Flammarion, des dirigeantes telles que Sophie de Closets, Véronique Cardi ou Charlotte Gallimard, sans oublier Michèle Benbunan à la tête d’Editis, vont certainement contribuer à améliorer la parité dans le monde du livre.

Durant votre carrière, vous avez évolué dans le milieu du théâtre et du cinéma. Par rapport à l’avancée de ces secteurs sur le plan de l’égalité entre les femmes et les hommes, que pensez-vous de la situation dans le secteur du livre ?

R. H. : Je pense qu’il ne serait pas très juste de comparer ces secteurs, dont les économies sont très différentes. Dans le théâtre ou le cinéma, le financement public est majoritaire. Ce n’est pas le cas pour le livre. Pour améliorer l’égalité entre les femmes et les hommes de notre secteur, il est donc nécessaire de mener un travail très collaboratif avec l’ensemble des acteurs, en se fondant sur l’observation, le partage des bonnes pratiques et la définition d’objectifs communs.

Quelles perspectives donnerez-vous au CNL, sous votre présidence, pour contribuer à une meilleure place des femmes, et une plus juste rémunération ?

R. H. : C’est une question sur laquelle nous travaillons. Le CNL œuvre à l’élaboration d’une Charte des valeurs pour le secteur, incluant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

Au sein des équipes du CNL, l’égalité entre les femmes et les hommes est garantie, en matière d’avancement comme de rémunération, comme dans tous les établissements publics.

Nous veillons également à la parité dans nos commissions d’attribution des aides (au niveau de la présidence comme de la composition de ces commissions) et nous avons récemment assoupli notre dispositif de résidence pour qu’il permette aux auteurs de mieux articuler leur vie professionnelle et leur vie personnelle.

Sur le volet de la rémunération des auteurs, notre marge de manœuvre est limitée, mais je pense qu’une première étape serait, déjà, d’avoir des outils statistiques nous permettant de dresser un état des lieux de l’égalité femmes-hommes auprès des structures bénéficiaires de nos aides.