En 2020, une journée de rencontres virtuelles organisée par le pôle de coopération des acteurs du livre en Pays de la Loire, Mobilis, a permis de répondre aux questions des éditeurs et éditrices, et d’éclairer des problématiques telles que la gestion des stocks, le surstockage, la notion de livres défectueux… à travers les interventions d’un consultant, d’une structure de diffusion et d’une comptable.
Les éditions Wildproject, à Marseille, qui axent leur réflexion sur l’écologie populaire, ont multiplié les actions autour de la revente d’invendus : « Pour réduire au maximum le pilon (moins de 2 % des ouvrages imprimés), des opérations de vente à prix réduit “Sauvés du pilon” ont été mises en place. Inspirées par un confrère, Rue de l’échiquier, elles s’appuient sur la récupération des ouvrages défraîchis. »
La rénovation, au même titre que le reconditionnement des appareils électroniques ou électroménagers, apparaît aussi comme une alternative au pilonnage. Installées dans le Var, les éditions Ricochet comptent parmi les rares à avoir adopté cette pratique : « Nous rénovons nos livres défectueux, les retours des invendus en librairie et les remettons dans le circuit. C’est un service qui passe par un sous-traitant et qui coûte un certain prix. »
À Nantes, la maison d’édition MeMo concède que sa « politique de non-pilon est une aberration en termes de gestion, extrêmement coûteuse pour une petite structure comme [MeMo]. » Cette volonté de ne pas détruire les ouvrages, quoiqu’il en coûte, se justifie par le souci de « faire vivre des livres sur le temps long et (…) de maintenir en vie tout le catalogue. » Pour éviter le pilon, la maison offre aussi une seconde vie à ses livres retournés, en les donnant à des associations ou des publics empêchés.
Le don est également la solution choisie par de nombreuses bibliothèques, à l’heure du désherbage. En Pays de la Loire, une vingtaine d’entre elles ont choisi de donner leurs livres à l’entreprise d’utilité sociale Recyclivre, en indiquant Mobilis comme destinataire de la réversion. Les sommes collectées dans le cadre de ce partenariat abondent un petit fonds de dotation qui permet de soutenir des projets en faveur du livre et de la lecture dans la région.
Autre exemple de destination sociale des livres réchappés du pilon : en Normandie, la librairie d’occasion Le Rêve de l’escalier a imaginé un système « de livres en attente », sur le modèle des « cafés en attente » : « On paie un livre pour quelqu’un d’autre qui n’a pas les moyens de se l’offrir », explique Michaël Feron, le gérant.
+ Sensibiliser
+ Expérimenter
+ Coopérer
+ Prolonger
+ Pour aller plus loin
– En mettant en lumière des titres issus de stocks d’invendus proposés par des éditeurs indépendants, le site de vente en ligne My Fair Book œuvre pour une alternative au pilonnage des livres. Il favorise aussi le don vers des associations.