Le prêt entre ami·es ou dans le cadre familial est monnaie courante. Il permet de partager des coups de cœur, des univers, de faire des essais. Il est aussi l’occasion d’encourager la bibliodiversité en donnant accès à d’autres voix littéraires et en invitant à acheter des livres différents de ceux déjà présents dans nos bibliothèques. Diverses applications ont vu le jour pour inviter à élargir le cercle des proches et ainsi encourager les échanges au sein du voisinage, dans le cadre du travail, dans des communautés constituées, etc.
Créées respectivement en 2015 et 2019, MyBlio et Gleeph sont deux applications qui, depuis la Nouvelle-Aquitaine, partagent des ambitions communes. La première a été créée par Justin Staple, membre d’une coopérative bordelaise de service informatique. Elle propose l’enregistrement par les particuliers de leur bibliothèque, dans le but de créer des groupes d’échanges avec d’autres utilisateurs et utilisatrices. La seconde, lancée à La Rochelle par Guillaume Debaig, propose par ailleurs à ses membres de donner des notes aux livres lus pour les partager avec la communauté et recevoir des recommandations personnalisées de lecture. Si ces deux applications reposent sur le caractère social du partage et l’idée de la circulation plus grande du livre, il s’agira de rester vigilant, car la circulation du livre, qui sort donc ici de la sphère privée, pose la question légale de l’épuisement du droit d’auteur.
Ces démarches peuvent être motivées par le souhait de consommer moins, mieux, différemment, et donc, d’être en accord avec des positionnements écologiques. Au début de 2021, Normandie Livre & Lecture a lancé une enquête pour essayer de savoir si ces « valeurs » écologiques étaient prises en compte lors de l’acquisition ou de l’emprunt de livres. Avec 457 réponses, le questionnaire a permis de déceler des actes militants sur le lieu d’achat du livre plus que sur le livre lui-même. Néanmoins, une forte volonté est apparue pour plus de transparence sur la conception du livre mais aussi sur la répartition de la valeur et une plus forte visibilité des ouvrages éthiques et/ou durables. L’engagement des lecteurs et des lectrices pourrait-il amener les professionnel·les à se positionner en faveur d’une filière plus écologique ?
Cette prise en compte ne peut néanmoins être vraie que pour des citoyen·nes sensibilisé·es à l’objet livre. Pour l’étendre au plus grand nombre, mettre en place des projets à destination des publics éloignés de la lecture est fondamental, que ce soit pour une dimension de plaisir ou pour permettre un accès à l’information. Les initiatives d’accès au livre et à la lecture revêtent d’ailleurs une forte portée écologique de par leur caractère social. Le site Lire en établissements de santé et médico-sociaux, conçu par la Fill en collaboration avec de multiples partenaires institutionnels, invite par exemple les acteurs et actrices de la santé et du livre à développer l’accès au livre et à la lecture pour toutes les personnes amenées à fréquenter des établissements de santé et médico-sociaux – patient·es, familles, personnels… Il encourage les partenariats et donne des clés pour la mise en place d’activités telles que les lectures à voix haute, les rencontres, ateliers d’écriture, débats, etc.
+ Sensibiliser
+ Expérimenter
+ Coopérer
+ Prolonger
+ Pour aller plus loin
Passerelle(s) pour le développement de l’accès à la lecture auprès des mineurs sous protection judiciaire suivis et hébergés en région.
La mission Lecture – Justice menée au sein de Normandie Livre & Lecture a permis la mise en place du projetL’Alliance pour la lecture, réunissant une centaine de structures et associations impliquées dans le développement de la lecture, au nombre desquels figure la Fill. La dernière phrase de son manifeste inscrit pleinement ce collectif dans une démarche d’écologie sociale : « La lecture crée des liens, les liens sociaux indispensables à une société plus harmonieuse, plus ouverte, plus libre. »
Dans le cadre de l’année 2021-2022 « lecture Grande cause nationale » est née