À Poitiers, en Nouvelle-Aquitaine, le master Livre et médiations (LiMès) fait figure d’exemple parmi les formations abordant les sujets écologiques. D’abord parce qu’il envisage « l’ensemble de l’environnement éditorial pour évoquer les interdépendances et les questions de solidarité entre les différents acteurs et actrices de la chaîne du livre », comme l’explique son cofondateur Stéphane Bikialo. Et qu’y sont interrogées « les questions de solidarité et d’interdépendance », par exemple pour « un éditeur qui recherche des imprimeurs locaux ou qui préfère faire imprimer en Bulgarie pour réduire ses coûts et survivre. » Un cours est même dédié à l’écologie du livre, donné par une des rédactrices du rapport « Décarbonner la culture » réalisé par The Shift Project. Elle « fait travailler les étudiants sur une première approche de l’énergie dans la chaîne du livre ainsi que sur la manière dont s’inscrit l’écologie dans les pratiques. »
La prise de conscience des écoles et universités s’est construite notamment à l’occasion de la crise sanitaire, comme l’explique Thierry Weyd, professeur à l’école supérieure d’arts & média (ésam) Caen/Cherbourg : « Notre sentiment était qu’une vision précise de l’écosystème (ou des écosystèmes) de ce qui constitue le paysage pluriel de l’édition permettrait à nos étudiants de prendre position plus précisément et de mieux définir l’acte de publier ; cette situation exceptionnelle renforçant cette réflexion qui fait partie des problématiques fondamentales de notre formation. » L’ésam propose désormais un cours sur « Les écologies de l’édition », consistant à faire « rencontrer plusieurs acteurs de la chaîne du livre de Normandie et aborder avec eux la manière dont l’écologie est pensée au quotidien, à l’intérieur même de leur pratique professionnelle. » Dans un second temps, les étudiants vont « à la rencontre du territoire pour une exploration in situ des paysages du Bocage près de Condé-sur-Noireau afin de produire des éco-fictions dans le cadre d’un atelier d’écriture accompagné par Marin Schaffner [auteur et traducteur]. »
D’autres formations universitaires proposent en France des cours d’écolittérature, à l’instar du master d’écopoétique d’Aix-Marseille-Université. Cocréé en 2016 par Jean-Christophe Cavallin, ce parcours répond selon lui à « l’urgence écologique dans laquelle on se trouve ». L’enseignant-chercheur détaille l’objectif de la formation : « Il s’agit de faire en sorte que les textes qui sont écrits par nos étudiants contribuent à une espèce d’entretien symbolique de la réalité, une maintenance symbolique du réel, en faisant participer l’imaginaire dans cette construction de notre rapport au monde qu’on a eu trop tendance, en tant que modernes, à construire par la rationalité, l’industrialisation, la technique, etc. »
Issue de ce master, l’autrice Chloé Baudry a elle-même sensibilisé des jeunes à l’écopoésie dans le cadre d’un dispositif d’éducation artistique et culturelle en lycée cordonné par ALCA, en Nouvelle-Aquitaine : « L’idée de cette résidence a été de transposer mon travail et de partager aux élèves mon processus d’écriture autour de ce lieu qui leur appartient : le lycée de La Tour Blanche, qui est au cœur de chacun des ateliers d’écriture. L’écopoésie est une manière d’aborder l’espace sous un angle différent, poétique, en faisant par exemple un inventaire à la Perec, mais aussi par un axe un peu plus imaginaire avec l’écriture de légendes. »
+ Sensibiliser
+ Expérimenter
+ Coopérer
+ Prolonger
+ Pour aller plus loin